Faits marquants Mai 2025

Alors que le secteur ajuste ses stratégies, les parfums consolident leur position de luxe accessible et résilient. Les experts soulignent l'urgence de mener ce scénario avec créativité et personnalisation pour reconquérir les consommateurs que le secteur du luxe a perdus ces deux dernières années.

Estée Lauder a enregistré une baisse de 10 % de son chiffre d'affaires et de 53 % de son bénéfice net au cours du troisième trimestre de l'exercice 2025. La division des parfums a toutefois mieux résisté avec une légère baisse de 1 %, grâce à des marques telles que Le Labo, qui a connu une croissance à deux chiffres.

Stéphane de La Faverie, PDG du groupe, a rappelé que le plan de transformation commence à porter ses fruits. Il s'étendra jusqu'en 2027 et prévoit la suppression de 5 800 à 7 000 emplois, dont 2 000 ont déjà été mis en œuvre. Il met toutefois en garde contre l'impact persistant des droits de douane et la contraction de la consommation en Chine et en Amérique.

Puig a consolidé sa position comme l'un des acteurs les plus dynamiques du secteur après une croissance de 7,8% de son chiffre d'affaires total au premier trimestre 2025. Le segment Parfums et Mode, qui représente 74 % de son activité, a progressé de 10,4 % (896,4 millions d'euros), porté par les lancements de Byredo et la bonne performance de Good Girl de Carolina Herrera et de Le Male de Jean Paul Gaultier.

La société maintient ses prévisions de croissance pour l'année (6-8% LFL) et prévoit d'améliorer sa marge d'EBITDA ajusté. Elle a souligné que les ajustements de prix aux États-Unis et la constitution de stocks devraient compenser l'impact des droits de douane proposés.

"Une fois de plus, notre principal segment, Parfums et Mode, a mené notre performance, démontrant la force de nos marques de prestige et de niche", a déclaré Marc Puig, directeur général du groupe.

Interparfums a évité le ralentissement avec une croissance de 10,7% pour son premier trimestre fiscal 2025, grâce à Jimmy Choo (+40%) et Lacoste (+34%). Les marques Coach (+15%), Montblanc (+14%), Lanvin (15%) et Rochas (13%) ont également progressé.

Le groupe a toutefois annoncé des hausses de prix aux États-Unis pour atténuer l'impact des droits de douane, une mesure qui pourrait affecter le volume si les consommateurs perçoivent une perte de valeur.

"Malgré les incertitudes économiques et géopolitiques, la flexibilité de notre modèle économique, la qualité de notre portefeuille, avec les ajouts récents d'Off-White et de Goutal, et la perspective de nouveaux accords de licence nous rendent confiants dans la poursuite de la croissance de nos ventes et de nos résultats," a déclaré Philippe Benacin, président-directeur général d'Interparfums.

Le groupe L'Oréal a enregistré une croissance globale de 3,5% (11 734,7 millions d'euros), avec L'Oréal Luxe en tête (+5,8%).

Plus précisément, la division des parfums a connu une croissance à deux chiffres, surpassant le marché grâce à des résultats exceptionnels dans les segments féminin et masculin, grâce au succès de Libre et MYSLF d'Yves Saint Laurent, Born in Roma de Valentino, Paradoxe de Prada, Idôle de Lancôme, Emporio d'Armani et Wanted d'Azzaro.

Selon son PDG, Nicolas Hieronimus, la société surperforme modérément le marché mondial de la beauté dans un environnement "particulièrement difficile et volatil".

LVMH a clôturé son premier trimestre en baisse de 3%, bien que sa division Parfums et Cosmétiques ait résisté avec une baisse limitée à 1% (2,178 milliards d'euros), grâce aux bonnes performances de Dior, Guerlain, Givenchy et Maison Francis Kurkdjian.

Dans un environnement difficile, le groupe souligne sa stratégie à long terme, fondée sur la force de ses marques, l'investissement dans la créativité et l'excellence opérationnelle. Il continuera à s'appuyer sur le talent de ses équipes, la diversité de ses activités et le bon équilibre géographique de son chiffre d'affaires pour renforcer son leadership mondial dans le domaine du luxe d'ici 2025.

Avec une valeur de 75 milliards d'euros et plus de 1,4 milliard de consommateurs potentiels selon l'ICEX, la Chine est l'un des marchés les plus exigeants au monde. Elle oblige les marques occidentales à repenser leur storytelling, leur distribution et leur relation avec les jeunes.

Les consommateurs, en particulier la génération Z, ne répondent plus au prestige européen comme auparavant : ils recherchent l'authenticité et les récits émotionnels. Les stratégies uniformes sur des réseaux tels que WeChat ont perdu de leur efficacité, révélant une crise de l'adaptation culturelle plus que de demande. Des marques comme Maison Francis Kurkdjian, Aesop ou Shiseido ont réduit leur présence numérique ou fermé des boutiques.

En outre, le canal numérique devient moins efficace en tant que vecteur de conversion : les consommateurs se montrent plus prudents, retardent leurs achats et préfèrent les effectuer à l'étranger. En réponse, des groupes comme Estée Lauder misent sur des marques locales et restructurent leur présence. L'enjeu n'est plus d'entrer en Chine, mais d'y consolider leur présence sans perdre leur identité.